Les défenseur⸱ses des droits humains doivent être libérés et protégés pendant le conflit en cours entre Israël et l’Iran
Front Line Defenders rappelle à tous les États et à la communauté internationale leur responsabilité de protéger les défenseur⸱ses des droits humains dans le contexte de l’escalade du conflit entre Israël et l’Iran depuis le 13 juin 2025. Le conflit entre l’Iran et Israël s’est aggravé après qu’Israël a lancé une série de frappes aériennes sur les installations nucléaires et militaires iraniennes, sur les ministères, ainsi que sur les infrastructures énergétiques, l’industrie et les bâtiments résidentiels iraniens. L’Iran a réagi en lançant des missiles sur Israël, entraînant une escalade des frappes israéliennes et un conflit violent où l’on compte désormais des victimes civiles des deux côtés.
Le 16 juin 2025, le Premier ministre israélien, M. Netanyahou, a averti les habitants de Téhéran d’évacuer immédiatement la ville. Toutefois, aucun plan d’évacuation concret n’a été mis en place et aucune aide n’a été apportée aux seize millions d’habitants de l’agglomération de Téhéran. Les routes pour sortir de Téhéran seraient bloquées et des frappes ont eu lieu sur les sorties d’autoroute de la ville.
Au 16 juin, les frappes aériennes israéliennes ont tué au moins 224 personnes en Iran. Le Croissant-Rouge iranien a indiqué que plusieurs travailleurs humanitaires de la ville de Tabriz et de Téhéran font partie des victimes. CNN a annoncé 24 morts en Israël depuis le début des frappes aériennes iraniennes sur Tel-Aviv et Haïfa, entre autres. Des centaines de civils ont été blessés.
Le 14 juin, la défenseuse des droits humains Motahareh Gounei a été arrêtée à Téhéran après une perquisition de son domicile par des agents des services de renseignement. Son arrestation a eu lieu après la publication d’un message sur les réseaux sociaux dans lequel elle critiquait les dirigeants iraniens et les rendait responsables de la situation du pays. Motahereh Gounei s’est vu présenter un mandat d’arrêt ne mentionnant aucun nom, ce qui fait craindre d’autres arrestations arbitraires. Le même jour, les services de renseignement du Corps des gardiens de la révolution iranienne ont mis en garde contre toute activité sur les réseaux sociaux visant à « soutenir Israël », au risque d’être accusés de « propagande contre l’État ». Selon certaines sources, 16 personnes ont été arrêtées dans la ville d’Ispahan pour avoir « perturbé l’opinion publique dans le monde virtuel et diffusé de la désinformation ».
Le 13 juin 2025, le ministère iranien des Télécommunications a annoncé qu’en raison de perturbations techniques et de la crise actuelle, l’accès à Internet serait limité. Depuis lors, les défenseur⸱ses des droits humains détenus à Evin ont indiqué n’avoir qu’un accès limité aux appels, et des rapports font état de perturbations généralisées des services de messagerie. Par conséquent, les défenseur⸱ses des droits humains détenus ainsi que d’autres prisonniers sont coupés de leur famille et restent dans l’incertitude et l’isolement. Les défenseur⸱ses des droits humains ont fait part de leur sentiment d’être maintenus dans l’incertitude alors qu’ils sont exposés aux frappes aériennes tout en craignant pour leur famille, sachant que leur vie est entre les mains de bellicistes qui n’ont aucun respect pour la vie et les droits humains.
Alors que les civils sont les cibles les plus vulnérables du conflit armé, Front Line Defenders est particulièrement préoccupée par les défenseur⸱ses des droits humains détenus en Iran. Alors que la guerre s’intensifie et que les acteurs internationaux restent silencieux, les défenseur⸱ses des droits humains détenus courent un risque élevé, car ils n’ont aucun moyen de se mettre à l’abri des frappes aériennes. C’est ce qui ressort des rapports de défenseur⸱ses des droits humains détenus à Evin et dans d’autres prisons de Téhéran, qui ont entendu de fortes explosions à proximité. Par conséquent, Front Line Defenders appelle à la libération immédiate de tous les défenseur·ses des droits humains en Iran, notamment Motahareh Gounei, Golrokh Iraee, Nasrin Javadi, Fariba Kamalabadi, Serveh Pourmohammadi, Jina Modares Gorj, Sharifeh Mohammadi, Mohammad Najafi, Mohammad Reza Faghihi, Reza Khandan, Ahmadreza Haeri, Taher Naghavi, Mehdi Mahmoudian, Esmail Gerami, et Zia Nabavi.
De plus, Front Line Defenders affirme que les acteurs et les parties prenantes impliqués devraient se résoudre à la diplomatie pour protéger les civils en Iran et en Israël, y compris les défenseur⸱ses des droits humains. Tous les États sont liés à cette responsabilité et à cette obligation par le droit international.
« Nous [les défenseur⸱ses des droits humains] avons écrit à maintes reprises que nous sommes opposés à toute guerre et à toute attaque contre la patrie et son peuple. Malheureusement, notre agence n’a été prise en compte dans aucune des circonstances qui ont conduit à la situation actuelle. Cependant, nous pouvons être le refuge des uns et des autres dans cette période difficile, nous avons un pouvoir sur cette question ». (Le défenseur des droits humains Mohammad Habibi sur X le 16 juin 2025)