Iran : la Coalition Free Narges alerte sur les menaces que ne cesse de recevoir Narges Mohammadi de la part d’acteurs affiliés à l'État

Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix, a reçu une série de menaces graves contre sa vie et sa sécurité émanant d’agents affiliés au ministère iranien du Renseignement. Le Comité de pilotage de la Coalition Free Narges a reçu ces informations et exprime sa plus vive inquiétude face à ces menaces, directes comme indirectes, qui font courir un grave danger à Narges Mohammadi. Le Comité appelle les autorités iraniennes à garantir sa sécurité.

Cette vague de menaces, qui a commencé le 13 juin, s’inscrit dans le contexte de la guerre entre Israël et l’Iran du 13 au 25 juin 2025, ainsi que d’une répression plus large visant les militants et les voix dissidentes, documentée récemment par Front Line Defenders, PEN America, les experts des Nations unies et d’autres organisations.

Narges Mohammadi a reçu des menaces indirectes, notamment contre sa vie et sa sécurité, de la part du ministère du Renseignement iranien (MOI) les 19, 21 et 25 juin 2025. Dans un cas, une ancienne détenue lui a rapporté que le MOI lui avait communiqué des informations faisant état d’“acteurs voyous”, non contrôlés par le ministère, qui chercheraient activement à localiser Narges Mohammadi dans le but de “l’éliminer” dès qu’ils la trouveraient. Par ailleurs, une autre connaissance de Narges Mohammadi a fait part d’un troisième message du MOI, toujours par voie indirecte, indiquant qu’un projet visant à “l’éliminer” était en cours.

Le 7 juillet 2025, l’avocat de Narges Mohammadi a reçu un appel téléphonique du MOI mettant en garde la défenseure des droits humains contre la tenue d’interviews auprès de médias, la mobilisation de groupes de défense des droits, la publication de déclarations ou toute autre activité en lien avec les droits humains et la liberté d’expression. Les agents ont menacé Narges Mohammadi d’une “nouvelle approche” et ont demandé à son avocat de lui transmettre le message selon lequel il n’y aurait désormais plus de “compassion islamique” à son égard.

Début juillet 2025, des défenseurs des droits humains et des proches de Narges Mohammadi ont été convoqués par le MOI. Ils ont été menacés d’arrestation et d’emprisonnement, ainsi que leurs proches, s’ils continuaient à lui offrir hébergement ou à la côtoyer .

“Les menaces récentes visant Narges Mohammadi marquent une escalade dramatique dans les tactiques employées pour réduire au silence l’une des voix les plus courageuses et emblématiques de la défense des droits humains en Iran. Le droit de tous les Iraniens à s’exprimer librement, à appeler à la paix et à dénoncer les menaces pesant sur les prisonniers politiques et les civils en temps de guerre ne devrait pas faire d’eux des cibles. Nous exhortons les autorités iraniennes à garantir la sécurité de Narges Mohammadi et à assurer que sa vie n’est pas en danger. Par ailleurs, nous réitérons notre appel à sa libération définitive et inconditionnelle, elle qui avait été injustement emprisonnée pour avoir exercé sa liberté d’expression et défendu les droits humains. Il revient à tous les États et à la communauté internationale de s’engager à protéger les défenseurs des droits humains dans ce contexte d’escalade.”Comité de pilotage de la Coalition Free Narges

La lauréate du prix Nobel bénéficie d’une suspension de peine depuis décembre 2024, après avoir subi une opération chirurgicale à la mi-novembre. Ses médecins ont recommandé une période de convalescence prolongée afin de lui permettre de se rétablir, de surveiller une lésion osseuse à la jambe, et de suivre un traitement spécialisé pour des troubles cardiaques ainsi que d’autres problèmes de santé aggravés par ses longues périodes de détention. Depuis sa libération temporaire début décembre, Narges Mohammadi est ciblée par une campagne de harcèlement en ligne et de désinformation orchestrée par l’État, réclamant son retour en prison – voire son transfert vers un centre de détention hors de Téhéran aux conditions sanitaires précaires – en représailles à son activisme et à ses prises de parole persistants.

Narges Mohammadi est défenseure des droits humains, autrice, journaliste, et directrice adjointe et porte-parole du Centre des défenseurs des droits humains (DHRC) en Iran. Elle a passé plus de dix ans de sa vie en prison, dont la période la plus récente entre novembre 2021 et décembre 2024, en raison de condamnations totalisant plus de 13 ans pour des accusations telles que “propagande contre l’État” ou “collusion contre la sécurité nationale”. Elle a reçu de nombreuses récompenses internationales saluant son engagement inlassable pour les droits humains, notamment le prix Nobel de la paix 2023, le prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2023, le PEN/Barbey Freedom to Write Award 2023 et le prix RSF du courage 2022.

Cette déclaration est publiée par le comité de pilotage de la Coalition Free Narges, et ne reflète pas nécessairement la position de l’ensemble des membres de la Coalition. Le comité est dirigé par la Narges Foundation, PEN America, Reporters sans frontières (RSF) et Front Line Defenders.

Pour plus d’informations ou pour vous engager : www.narges.foundation/freenargesContacts du comité de pilotage : Narges Foundation : [email protected], Karin Deutsch Karlekar (PEN America) : [email protected], Jonathan Dagher (Reporters sans frontières - RSF) : [email protected], Front Line Defenders : [email protected]

Rejoignez-nous pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle de Narges Mohammadi.

#FreeNarges !