Soudan : Le défenseur des droits humains Abubakr Mansour Abdela condamné à 20 ans de prison
Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude concernant la condamnation du défenseur des droits humains Abubakr Mansour Abdela et appelle à sa libération immédiate.
Le 30 avril 2025, le tribunal général de Singa a condamné le défenseur des droits humains et avocat Abubakr Mansour Abdela à vingt ans de prison et à une amende de dix millions de livres soudanaises. Le procès a ignoré les preuves de l’innocence du défenseur des droits de l’homme et l’a condamné pour avoir prétendument collaboré avec les Forces de soutien rapide (RSF). Front Line Defenders pense qu’Abubakr Mansour Abdela fait l’objet d’une détention arbitraire dans le but de l’empêcher de travailler sur les droits humains et de le punir pour sa position critique envers les mouvements islamiques extrémistes et son opposition à la guerre.
Abubakr Mansour Abdela est un avocat et un défenseur des droits humains soudanais qui fournit une assistance juridique et un soutien à sa communauté. Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan en avril 2023, il est resté à Singa, sa ville natale, pour apporter une aide humanitaire en distribuant gratuitement des médicaments provenant de l’entreprise pharmaceutique de son frère. Tout au long de sa carrière, Abubakr Mansour Abdela a résisté au Mouvement islamique extrémiste, le régime qui a été renversé en 2019 par l’ancienne alliance des Forces armées soudanaises (SAF) et des RSF.
La condamnation prononcée par le tribunal général de Singa repose sur des accusations liées à une collaboration présumée avec les RSF. Alors que les preuves et les témoignages présentés lors du procès suggèrent fortement l’innocence d’Abubakr Mansour Abdela, la décision met en évidence la partialité du système judiciaire et la violation des principes pour un procès équitable tels qu’ils sont stipulés par la loi soudanaise. Selon son avocat, l’arrestation et l’emprisonnement du défenseur sont une punition contre son travail en faveur des droits humains, son opposition à la guerre et sa résistance au Mouvement islamique.
Le 24 novembre 2024, les SAF ont repris Singa aux RSF et ont perquisitionné la maison d’Abubakr Mansour Abdela le même jour. Le lendemain, le défenseur a été arrêté, on lui a bandé les yeux et il a été fouetté devant sa famille. Il a d’abord été détenu par la garnison des SAF à Singa. Après 10 jours, il a été transféré dans une cellule à la faculté de médecine du Sultanat, à Sennar, où il a été détenu et interrogé jusqu’à son procès le 30 avril 2025.
Depuis le début de la guerre civile soudanaise en 2023, les avocats en droits humains sont pris pour cible par les deux parties belligérantes, les RSF et les SAF, donnant lieu à de nombreux cas de détentions arbitraires, de disparitions forcées, de tortures et d’assassinats. Cette tendance inquiétante est illustrée par les meurtres de membres du barreau du Darfour Mohammed Ahmed Kudia, Khamis Arabab, Tareg Hassan Yagoub Elmalik, et El Sadeg Mohammed Ahmed Haroun, ainsi que par l’emprisonnement et la possible condamnation à mort de l’avocat et défenseur des droits humains Montaser Abdullah.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par la détention arbitraire d’Abubakr Mansour Abdela et par l’emprisonnement et l’assassinat systématiques d’avocats en droits humains. L’organisation pense que les actions ciblées contre le défenseur sont des mesures punitives liées à son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains. Front Line Defenders demande l’annulation de la condamnation et des accusations portées contre Abubakr Mansour Abdela, et appelle à sa libération immédiate.