Back to top
18 Juin 2025

Thaïlande : Abandonnez les charges contre la défenseuse des droits humains Pimsiri Petchnamrob, et cessez les poursuites judiciaires abusives contre les manifestants pacifiques

GENEVE, Suisse (18 juin 2025) - Nous, les organisations de la société civile soussignées, sommes profondément préoccupées par l'utilisation abusive des procédures judiciaires à l'encontre de la défenseuse des droits humains thaïlandaise Pimsiri Petchnamrob.

Des audiences contre Pimsiri ont eu lieu du 4 au 6 juin 2025 devant le tribunal pénal de Ratchadapisek, où elle doit répondre à des accusations criminelles liées à l'exercice légitime de sa liberté d'expression et de réunion pacifique. Le procès devant reprendre du 17 au 20 juin et les 24 et 25 juin, nous demandons instamment aux autorités thaïlandaises d'annuler toutes les charges retenues contre Pimisiri.

Nous sommes solidaires de Pimisiri et d'autres défenseur·ses thaïlandais de la démocratie qui font l'objet de poursuites pénales systématiques, la plupart du temps pour avoir simplement effectué un travail inestimable en faveur des droits humains.

Ce qu’il s’est passé

En novembre 2021, Pimsiri a été reconnue coupable de 10 chefs d'accusation relatif aux lois sur les crimes de lèse-majesté (loi sur la diffamation royale), sur la sédition et sur les rassemblements illégaux.

Elle a été accusée d'avoir violé le décret d'urgence COVID-19 après avoir prononcé un discours lors d'une manifestation pacifique en novembre 2020 près du quartier général du 11e régiment militaire à Bangkok. Dans son discours, Mme Pimsiri a fait référence à une déclaration de David Kaye, alors Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'expression et d'opinion, selon laquelle les lois de lèse-majesté n'ont pas leur place dans un pays démocratique.

Bien que Pimsiri n'ait jamais plaidé directement en faveur d'une réforme de la monarchie et qu'elle n'ait jamais fait de remarques sur la famille royale, elle a été inculpée en vertu de l'article 112 (lèse-majesté) du Code pénal thaïlandais. La loi fait de la diffamation, des insultes ou des menaces à l'encontre de la monarchie un délit pénal.

L'inculpation de Pimsiri est un exemple de l'application excessivement large et injuste de la loi, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à son utilisation plus large pour supprimer la démocratie, la liberté d'expression et la liberté de réunion pacifique.

Pimsiri n'est pas la seule à faire l'objet de poursuites pénales en Thaïlande pour son action en faveur des droits humains. Elle fait partie des cinq défenseur⸱ses des droits humains inculpés pour avoir prononcé des discours lors de la même manifestation pacifique. D’autres défenseur⸱ses des droits humains thaïs sont la cible des mêmes poursuites judiciaires.

Après son inculpation en novembre 2021, Pimsiri a été libérée sous caution avec une restriction de voyage à l'étranger. Elle a donc dû demander l'autorisation du tribunal pour quitter la Thaïlande. Ses demandes ultérieures pour se rendre à l'étranger afin de participer au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (CDH) en Suisse sont systématiquement rejetées.

Appel à agir

Le cas de Pimsiri est représentatif d'une tendance inquiétante visant à faire taire les dissidents pacifiques.

En tant que membre du CDH et État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), la Thaïlande a l'obligation de respecter et de garantir le droit à la liberté d'expression et devrait donner l'exemple en appliquant les normes les plus élevées en matière de protection des droits humains.

L'inculpation de Pimsiri et l'interdiction de voyager à l'étranger constituent une forme grave de censure ainsi qu'une violation directe de l'engagement de la Thaïlande à remplir, protéger et promouvoir ses obligations en matière de droits humains au niveau international. Nous appelons respectueusement les autorités thaïlandaises à respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains en vertu du PIDCP.

De même, les autorités devraient mettre fin à toutes les formes d'abus des procédures judiciaires à l'encontre de celles et ceux qui exercent pacifiquement leurs droits humains et leurs libertés fondamentales, notamment les défenseuses des droits humains comme Pimsiri.

Sincères salutations,

1. Alternative ASEAN Network on Burma (ALTSEAN Burma)

2. ASEAN SOGIE Caucus (ASC)

3. ASEAN Youth FORUM

4. Asia Democracy Network

5. CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation (alliance mondiale pour la participation citoyenne)

6. FIDH - Fédération internationale des droits de l'homme, dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseur⸱ses des droits humains

7. Front Line Defenders

8. L’Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM - ASIA)

9. La Comission internationale des juristes (ICJ)

10. International Service for Human Rights (ISHR)

11. Southeast Asia Freedom of Expression Network (SAFEnet)

12. Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur⸱ses des droits humains